Les délassements dans le boudoir - Blog de littérature, art, photographie et poésie érotique - Cabinet de curiosités - Boudoir de Mademoiselle k Katrin Alexandre

Le dico de la pornographie

Pour votre culture générale, je vous signale la parution du "Dictionnaire de la pornographie" qui fait l′objet d′un article récent sur le journal Le monde

"Ni "encyclopédie", ni "simple miroir grossissant d′objets épars", selon Philippe Di Folco ­ - sous la direction duquel l′ouvrage a été élaboré ­ - ce dictionnaire ambitionne d′être une "cartographie de la pornographie" avec un "comité de parrainage" prestigieux (Julia Kristeva, Jean-Luc Nancy, Hélène Cixous, Maurice Godelier, etc.)...Donc voilà un dico qui semble prometteur...

Le dictionnaire de la pornographie

La vive flamme d'amour

ã Photo de Corto Santi

Ô flamme d′amour vive,
qui tendrement me blesses
au centre le plus profond de mon âme,
N′ayant plus de rigueur,
achève si tu veux,
brise la trame de ce rencontre heureux.

Ô cautère suave
ô délicieuse plaie,
ô douce main, ô touche délicate,
qui a goût d′éternité
et toute dette paie,
tuant, la mort en vie tu as changée.

Ô torches de lumière,
dans les splendeurs desquelles
les profondes cavernes du sens
qui était obscur, aveugle,
par d′étranges faveurs,
chaleur et clarté donnent à l′ami.

Que doux et amoureux
tu t′éveilles en mon sein
où toi seul en secret as ton séjour.
Ton souffle savoureux
plein de gloire et de bien,
que délicatement il m′énamoure ! 

Saint-Jean de la Croix - La vive flamme d′amour

Florilège très gay... (4)

Une complicité, un accord s′établissent entre ma bouche et la queue,
Encore invisible dans sons short azur,
De ce pêcheur de dix-huit ans ;

Autour de lui le temps, l′air, le paysage devenaient indécis.
Couché sur le sable, ce que j′en apercevais
Entre les deux branches écartées de ses jambes nues, tremblait.

Le sable gardait la trace de ses pieds,
Mais gardait aussi la trace du paquet trop lourd
D′un sexe ému par la chaleur et le trouble du soir.
Chaque cristau étincelait. ....

comment t′appelles-tu ?
- et toi ?

Depuis cette nuit le voleur aime tendrement l′enfant
Malicieux, léger, Fantasque et vigoureux,
Dont le corps fait frissonner, à son approche,
L′eau, le ciel, les rochers, les maisons, les garçons et les filles.
Et la page sur quoi j′écris.

Ma patience est une médaille à ton revers.

Une poussière d′or flotte autour de lui.
L′éloigne de moi.

Avec le soleil de votre visage
vous êtes plus ténébreux qu′un gitan.

Ses yeux :
Parmi les chardons, les épines noires,
la robe vaporeuse de l′automne.

Sa queue :
Mes lèvres retroussées sur mes dents.

Le gros orteil de son pied gauche, à l′ongle incarné,
Quelquefois fouille ma narine, quelquefois ma bouche.
Il est énorme mais le pied, puis la jambe y passeraient

Les trésors de cette nuit :
L′Irlande et ses révoltes,
Les rats musqués fuyant dans les landes,
Une arche de lumière,
Le vin remonté de ton estomac,
La noce dans la vallée,
Au pommier en fleur un pendu qui se balance,
Enfin cette région que l′on aborde le cœur dans la gorge,
Dans ta culotte protégée d′une aubépine en fleur.

De toutes parts les pèlerins descendent.
Ils contournent tes hanches où le soleil se couche,
Gravissent avec peine les pentes boisées de tes cuisses
Où même le jour il fait nuit.

....

Par d′herbeuses landes, sous ta ceinture
Débouclée nous arrivons la gorge sèche
L′épaule et les pieds las, auprès de Lui.
Dans son rayonnement le Temps même est voilé
D′un crêpe au dessus duquel le Soleil, la Lune,
Et les étoiles, vos yeux, vos pleurs brillent peut-être.
Le Temps est sombre à son pied.
Rien n′y fleurit que d′étranges fleurs violettes
De ces bulbes rugueux.
A notre cœur portons nos mains jointes
Et les poings sur nos dents.

Qu′est ce t′aimer ?
J′ai peur de voir cette eau couler
Entre mes pauvres doigts.
Je n′ose t′avaler.
Ma bouche encor modèle une vaine colonne.
Légère elle descend dans un brouillard d′automne.
J′arrive dans l′Amour comme on entre dans l′eau.
Les paumes en avant, aveuglé, mes sanglots
Retenus gonflent d′air ta présence en moi même
Où ta présence est lourde, éternelle.
Je t′aime.

Extraits de " Le pecheur du Suquet" dans "Poèmes" de Jean Genet

Photo in Web gay life

Florilège...(3)

C’est l’heure du réveil… Soulève tes paupières…
Au loin la luciole aiguise ses lumières,
Et le blême asphodèle a des souffles d’amour.
La nuit vient : hâte-toi, mon étrange compagne,
Car la lune a verdi le bleu de la montagne,
Car la nuit est à nous comme à d’autres le jour.

Je n’entends, au milieu des forêts taciturnes,
Que le bruit de ta robe et des ailes nocturnes,
Et la fleur d’aconit, aux blancs mornes et froids,
Exhale ses parfums et ses poisons intimes…
Un arbre, traversé du souffle des abîmes,
Tend vers nous ses rameaux, crochus comme des doigts

.

Le bleu nocturne coule et s’épand… À cette heure,
La joie est plus ardente et l’angoisse est meilleure,
Le souvenir est beau comme un palais détruit…
Des feux follets courront le long de nos vertèbres,
Car l’âme ressuscite au profond des ténèbres,
Et l’on ne redevient soi-même que la nuit.

Extrait des poèmes de Renée Vivien

Photo In le site web Markus Richter

Voir le site web sur Renée Vivien

Nuit et velours

Nuit et velours, velours et herbe,
S′entrouvrait un trou rosé,
Entre les cuisses superbes
Qu′il écartait d′un geste osé.

Puis il remballait sa bite
Dans le pantalon trop court
Où tant de beauté habite,
Et reluquait le tambour.

C′était un garçon de campagne
Chez lequel il aimait aller.
Il voulait que je l′accompagne
Pour se voir faire enculer.

On s′enfermait dans une chambre,
On s′appuyait contre le mur,
Et Dargelos faisait son membre
Devenir énorme et dur.

Il le mouillait de sa bouche
Lentement, amoureusement,
Puis il lui criait : " Va, bouche
Le trou du cul de ton amant. "

Il disait des cochonneries,
Trouvant pour jouir, qu′il fallait
Qu′on en dise et que l′on crie
Jusqu′aux écluses de lait.

Photo in le site web de Patrick Gerbier

Extrait in  Le livre blanc de Jean Cocteau
Paris, Persona, 1981

Florilège gay et lesbien (1)

Vous êtes-vous soucié en lisant l′œuvre de Genet, Rimbaud, Cocteau de leur penchants homosexuels? Pour ma part non...

Je pourrais poser la question autrement: existe-t-il une littérature dite "gay ou lesbienne". Oui et non. Il y a des livres écrits par des homosexuels et qui le revendiquent, et il y a des livres qui mettent en scène un (ou plusieurs) héros homosexuel (mais leur auteur est-il necessairement homosexuel?)... Entre le droit à la différence au droit à l′indifférence, le cœur de cette littérature singulière balance entre les deux et fait sa place dans le monde de l′édition. L′excellente libraire du Marais à Paris Les mots à la bouche en fait sa specialité commes les HO Editions.

Mais faut-il être homosexuel pour acheter par exemple chez HO? Non... Dans ces livres, on y trouve toute la palette des sentiments humains, dans lesquels on peut s′identifier, avec cette particularité qu′une singularité s′ exprime... J′ai des amis homosexuels qui ne lisent pas que des auteurs homo, et qui ont un panthéon littéraire trés élargi, comme par exemple celui de La garçonnière du 13 (il vient d′ouvrir son blog mais il a une très belle plume).

Voyons donc ces livres (pour les hétéro) comme une invitation à une ouverture, à la découverte, à un nouveau plaisir de lecture, un changement de regard sur l′autre et le monde... Chacun (quelque soit son orientation sexuelle) peut ressentir en les lisant une émotion poétique, littéraire, esthétique...

Comme je n′aime pas les ghettos, j′ai choisi de vous faire partager un petit florilège de poèmes, de photographies et de peintures glanés ça et la sur des sites  d′auteurs de talent.

(A suivre)

Guide pratique du cunni

Il  a été écrit par une celèbre bloggeuse et auteur des USA, Violet Blue et il va sortir enfin en version française: le guide du Cunnilingus!

Je ne sais pas ce qu′il vaut, mais vu par une specialiste en la matière, le sujet devrait être des plus attrayant.

Profitez en pour aller faire un petit tour sur son site qui est des plus croustillant...(mais evidemment c′est en anglais)

En savoir plus

Le site de Violet Blue

La revolution sexuelle de Mu Zimei

Elle n′était qu′une chroniqueuse sur le sexe dans un magazine féminin chinois; en un blog et des centaines de feuillets sur ses parties de jambes en l′air, Mu Zimei est devenue le symbole de la revolution sexuelle chinoise en provoquant un gigantesque débat de société.

Mieux que cela, les editions Albin Michel se sont emparées du phénomène et la publie dans un livre: Journal sexuel d′une jeune Chinoise sur le Net.

Je n′ai pas lu le livre mais selon les commentaires, la prose de la jeune femme est une series de notes prises sur le vif. Il reste cependant interressant pour le débat de société qu′il a soulevé en Chine. Cette affaire avait éclaté l′an dernier et fait la Une des talk-shows sur Phoenix TV (chaine privée chinoise), fait explosé les forums internet  et le propre blog de la jeune femme a été inacessible pendant des jours et des jours.

Le correspondant de Libération à Pékin consacre à Mu Zimei, 26 ans, la page Portrait du journal de samedi dernier. Vous pouvez encore consulter un autre article sur le sujet Quand le Chine baisera...

Vous pouvez en savoir plus sur la revolution sexuelle littéraire en chine sur le blog Fenetre sur la Chine et l′Asie et sur la stratégie autobiographique de Mu Zimei.

Appeler une chatte... une chatte (mots et plaisirs du sexe)

Florence Montreunaud  est une philologue et une amoureuse des mots.

De sa tour de Babel, elle en sort des mots d′amour et du sexe, tous ces mots que l′on ne dit pas, quand on dit "ça", "la chose" ou "en-bas".

Gros mots, mots d′enfants, mots savants, mots intimes, tout passe à la moulinette; elle nous démontre que dans le domaine sexuel, chaque mot a une origine, une histoire, une resonnance particulière.

Ainsi, elle nous entretient des fesses, du cul, de la toison, de la chatte, du con, du bouton de orse, de la verge, de la queue, du godemichet, du phallus, et bien d′autres encore... tout y mêlant témoignages et engagements personnels.

Ce livre est un condensé d′humour et de culture littéraire qui se moque bien des convenances et exprime les différentes facettes du désir, de cet Eros qui n′est en somme que la manifestation de la force de vie et d′une energie torrentielle.

Je vous conseille de lire ce livre à deux, sur l′oreiller. Fous rires garantis (je l′ai testé pour vous!)

"Appeler une chatte... Mots et plaisirs du sexe " de Florence Montreynaud - Editions Payot, 2004

Le louvre érotique

Voilà une truculente idée que ce guide érotique du Musée du Louvre et d′Orsay.

Jean-Manuel Traimond, guide de métier, a toujours pris un malin plaisir à souligner les aspects licencieux des œuvres du Louvre et d’Orsay. Il a même imaginé une visite pour certains de ces visiteurs "Le Louvre Coquin".

De ce parcours très spécial, il en a fait un livre. "Ce guide charmant, moqueur et savant ne cache rien : tableaux ambigus, sculptures sensuelles, bronzes explicites, homosexualité, inceste, « solitudes voluptueuses », palpations et palpitations… tout y est !"

"On y lira bien sûr la description des caractéristiques érotiques des œuvres. Mais aussi des poèmes ou des textes inspirés à nos classiques par les actes ou les membres évoqués. Si l’indécence du fond n’a jamais été cause de censure, le langage de ce guide s’est gardé de tout écart quant à la forme. À ceci près que Pierre Louÿs, Verlaine, Baudelaire, Théophile Gautier sont, eux, cités verbatim. On ne met plus de feuilles de vigne aux statues, ni d’euphémismes aux poèmes.

Et les photographies qui l′agrémentent, surtout quand elles sont faites par le talentueux Ernesto Timor, ne gache en rien le paysage! "Il s′agit ici d′érotisme, pas de reproduction. On n′y verra donc pas de catalogue illustré des œuvres commentées (la mine acérée d′Aladdin s′emploie bien mieux à cartographier un Bain Turc qui n′a guère besoin qu′on le reproduise encore, en intégral et en couleurs...). J′ai préféré photographier la peau des marbres, les plis de la toile, les ombres courbes des bronzes, et tout le plaisir que leur donne la lumière. Et puis surprendre le regard en coin d′un visiteur qui fait le tour de l′Hermaphrodite ou voir se troubler des Japonaises enlacées devant la Grande Odalisque, ça vous remet l′art en joie..."

en savoir plus sur ce livre, des extraits en ligne sur ERnesto Timor

Guide érotique du Louvre et du musée d′Orsay
texte : Jean-Manuel Traimond | photographies : Ernesto Timor
dessins : Aladdin | graphisme : Sampeur 

En vente à compter de la fin mars dans un bon nombre de librairies de France (et de Suisse !), ainsi que dans les musées concernés, ou sur commande en contactant directement l′éditeur : [email protected].

Femmes...

" Quand sera brisé l′infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l′homme -jusqu′ici abominable, - lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l′inconnu ! Ses mondes d′idées différeront-ils des nôtres ? - Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons."

A. Rimbaud – Extrait de « Lettre du voyant » - 1871

Chansons pour elle et autres poèmes erotiques de Paul Verlaine

Peu connus du grand public, ces "chansons" sont "des vers durs et cruellement paiens", porte ouverte sur l′Enfer de l′oeuvre de Verlaine.

Ecrits après la relation tumultueuse et passionnée d′avec Rimbaud, ces poèmes allient mysticisme et quête de sensualité. Histoires de bordels, amours saphiques, relations galantes, plaisirs sensuels font l′eloge d′une beauté rustique, sauvage, indomptée avec toujours ce soupçon de perversité, pressenti, recherché et parfois detesté chez la femme. Jusqu′au vertige du desespoir et saturnien qui emportera le poète vers la mort, quelque temps plus tard.

Compagne savoureuse et bonne

Compagne savoureuse et bonne
À qui j′ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t′embrasse long et fort,
Mon coeur près de ton coeur bat d′aise
Et d′amour pour jusqu′à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Je vais gueux comme un rat d′église
Et toi tu n′as que tes dix doigts ;
La table n′est pas souvent mise
Dans nos sous-sols et sous nos toits ;
Mais jamais notre lit ne chôme,
Toujours joyeux, toujours fêté
Et j′y suis le roi du royaume
De ta gaîté, de ta santé !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Après nos nuits d′amour robuste
Je sors de tes bras mieux trempé,
Ta riche caresse est la juste,
Sans rien de ma chair de trompé,
Ton amour répand la vaillance
Dans tout mon être, comme un vin,
Et, seule, tu sais la science
De me gonfler un coeur divin.
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Qu′importe ton passé, ma belle,
Et qu′importe, parbleu ! le mien :
Je t′aime d′un amour fidèle
Et tu ne m′as fait que du bien.
Unissons dans nos deux misères
Le pardon qu′on nous refusait
Et je t′étreins et tu me serres
Et zut au monde qui jasait !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Rien qu'un reve (suite)

Bill: - Que crois-tu qu′on devrait faire?

Alice: - Ce qu′on devrait faire? Ce que je crois, je ne sais pas. Peut-etre que... Je crois que nous devrions peut-etre  etre reconnaissants... reconnaissants d′avoir reussi a survivre à toutes nos aventures... Qu′elles aient été réelles ou imaginaires.

- Tu en es sure?

- Si j′en suis sure? Autant que je puisse etre sur que la réalité d′une simple nuit... sans parler de celle de toute une vie... soit vraiment la réalité...

- Et qu′un reve n′est jamais qu′un reve.

- L′important c′est que nous soyons reveillés maintenant, et esperons le pour tres longtemps.

- Pour toujours.

- Pour toujours?

- Toujours.

- N′utilison pas ce mot. Il me fait peur. Mais je t′aime et sais-tu que nous avons quelque chose de tres important à faire le plus vite possible?

- Quoi?

- Baiser.

in Eyes Wide Shut - Scenario de S. Kubrick - Pocket

Rien qu'un rêve...

Alice : Je ne t’ai jamais rendu jaloux, hein ?

Bill : Non.

-         Et pourquoi ne l’as-tu jamais été ?

-         Je ne sais pas. Peut-être parce que tu es ma femme !Parce que tu es la mère de mes enfants et que je te sais fidèle.

-         Tu es très sur de toi, n’est-ce pas ?

-         Non, je suis sur de toi ! Tu trouves ça drôle ?

-         Tu te rappelles l’été dernier à Cape Code ? Tu te rappelles un soir, dans la salle à manger, il y avait un jeune officier de marine, assis à coté de nous avec deux autres officiers ?

-         Non.

-         Le serveur lui a apporté un message, et il est parti. Ca ne te dit rien ?

-         Non.

-         Et bien… Je l’avais déjà vu dans le hall. Il s’est inscrit à l’hôtel, et il suivait le chasseur qui portait ses bagages jusqu’à l’ascenseur. Il… Il m’a regardé en passant. Un simple regard. Rien de plus. Mais je ne pouvais presque plus bouger. Cet après midi là, Helena est allée avec une copine au cinéma, et toi et moi nous avons fait l’amour. Et pourtant a aucun moment, il n’a quitté mes pensées. Je me suis dit que s’il voulait de moi, ne serait-ce qu’une seule nuit, j’étais prête à tout abandonner. Toi, Helena, tout mon avenir à la con. Tout et pourtant c’était étrange, parce que en même temps tu m’étais plus cher que jamais et… à cet instant, mon amour pour toi était à la fois tendre et triste. J’ai à peine dormi cette nuit là. Au réveil, j’ai été prise de panique. Je ne savais plus si j’avais peur qu’il soit parti ou qu’il puisse encore être là. Mais au dîner, j’ai compris qu’il était parti et j’en ai été soulagée.

Que savons-nous vraiment des désirs secrets de cet Autre qui partage notre vie? Et lui-même connait-il vraiment ses pulsions les plus intimes? De la réalité au fantasme, du fantasme à la réalité, nous pouvons nous perdre et voir effondrer nos certitudes...

Je vous invite à lire la nouvelle "Rien qu′un rêve" de Arthur Schnitzler dont le scenario du film est adapté.

Neige

"Yuku Akita avait deux passions. Le Haiku. Et la neige.

Le haiku est un genre japonais littéraire japonais. Il s′agit d′un court poème composé de trois vers et de dix sept syllabes. Pas une de plus.

La neige est un poème. Un poème qui tombe des nuages en flocons blancs et legers. Ce poème vient de la bouche du ciel, de la main de Dieu.

Il porte un nom. Un nom d′une blancheur éclatante.

Neige.

En chemin dans la fraicheur pâle du soleil, il croisa une jeune femme qui puisait de l′eau à la fontaine. En se penchant, sa tunique s′entrouvrit à la hauteur de son aisselle et dévoila un sein blanc comme de la neige.

Dans sa chambre, un peu plus tard, Yuko toucha son front: il était chaud comme un verre de saké brulant.

Il s′endormit, à la main son sexe dressé, comme un piment rouge. Dehors, il gelait."

Extraits de "Neige" de Maxence Fermine. Arléa, Points.

Brulure...

La narratrice rencontre B. dans la véranda d′un hôtel chic. Mais peu importe, comment et où ils se sont rencontrés. Elle désire cet homme follement. Elle le suit dans une chambre, elle l′attend dans la nuit, son désir s′impatiente, seul le ruissellement d′une douche comme fond sonore, elle l′attend, il ne vient pas. Brûlée de désir, elle jouit sans lui, s′endort puis se réveille, découvre quelques mots de lui sur une feuille, demain ...

Après les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Seuls les mots de l′homme anonyme  jetés sur une feuille de papier, ses post-it, ses coups de téléphone vont rythmer leur rencontre et les mettre en scène.  Et entre chaque rendez-vous, l′attente, la brûlure, la transe, le vertige... Lentement, l′homme pousse la femme au-delà d′elle-même. Il lui tends des guet-apens érotiques, crus et violents. Il la subjugue, elle se laisse possédée par lui, humiliée, un violent rapport de force s′instaure...

Brûlure est le récit d′une passion amoureuse, d′une possession initiatique, un récit haletant, qui vous kidnappe dans ses entrailles pour ne plus vous relâcher... Et quand vient la fin, on en redemande encore!

" Brulure " de Cléa Carmin - Editions Blanche, 2003

Les onze mille verges

Péripéties où se côtoient l′agréable et l′épouvantable.

Le Prince de Mory Vibescu rêve de mettre son vit dans le con d′une parisienne dite Culculine, enragée de luxe et d′amour. Il la rencontre avec son amie Alexine Mangetout, dans un boudoir décoré d′estampes japonaises obscènes... De là, de invraisemblables orgies vont se succéder, avec d′autres compères comme les brigands Cornabreux et La Chaloupe.

Entre assassinat, vampirisme, castration, bordels, péderastie, tribadisme, nécrophilie, sodomie, la jouissance devient aussi forte qu′une torture. Pleine de situations comiques, à la limite de la caricature, cette oeuvre reste pleine de foutre, de sang et de merde.

Comme de nombreuses oeuvres scandaleuses de l′époque, les 11 000 verges est devenu le livre des chevet des universitaires à la mesure des Fleurs du mal de Baudelaire. C′est donc Le livre culte à posséder!

"Les onze mille verges" de Apollinaire - Editions J′ai lu.

Lisez, relisez, cornez les pages de Septentrion

Septentrion est le brûlot, la superbe bible originelle du sexe de Louis Calaferte qui lui valu une injuste censure et dont Sollers dira:

" On n′a jamais, je dis bien jamais, écrit quelque  chose  d′aussi fort, d′aussi cru et violent. Et drôle. Et horrible. Et peut-être prophétique (...) Ne  pas avoir lu ou  ne pas lire Septentrion est foncièrement immoral. La censure n′encense pas forcément des chefs d′oeuvres, mais là asseyez vous et dégustez- le. Livre  rapide, nerveux, jubilatoire, rempli d′humour. Vous allez voyager dans les toilettes de  l′usine, la rue, la  misère, la faim, le sexe, ah! mademoiselle Van Hoeck, l′amour les  angoisses. Voyagez surtout en vous-même, dans la nudité des émotions humaines; mais qui est cet  homme qui  vous entraîne à sa suite."

"Septentrion" de Louis Calaferte - Folio, Gallimard

La mécanique des femmes de Louis Calaferte

" Elle écrit : je ne pense qu′à toi, à baiser, j′en rêve, le pathétique du sexe et de sa violence" .

Et l′homme qui est là écoute, écrit, il pose sur le papier les confessions de ses maîtresses, de ses aventures d′un soir et peut-être d′un amour qui ne se dit pas, qui ne s′avoue pas. "On t′as déjà dit que ton foutre sent bon? ".

Témoin de l′errance sexuelle des femmes, il s′efface et laisse la place à leur voix crues, obscènes, toujours pleines de vérité et de foutre, leurs désirs insatiables, des voix toujours  troublantes, parfois extrêmement poétiques. Les mots  s′enchevêtrent en dialogues, en saynètes, fragments de lettre, forment une sève chaude  et incandescente qui vous remplit et ne vous laisse pas indemne. " Je te crache dessus, avec tout ton foutre. Ma bouche pue. Je vais te cracher dans la bouche, crache moi dessus".

Une hymne à l′impudeur des femmes. 

"La mécanique des femmes" de Louis Calaferte - Folio