On découvre même des photographes sur Twitter, et Lobbiaz est une de mes dernières belles découvertes tant pour ses photographies sophistiquées et sensuelles que pour les explorations photographiques (souvent érotiques, mais pas que) qu'il partage sur son blog.
"J’aime l’idée qu’on ne se cantonne pas à un style, un support, une idée, une trame… On trouve de l’argentique, du pola, des portraits et des expériences."J'aime particulièrement sa manière d'y séquencer ses photos sélectionnées en fonction de la couleur, de la composition ou d'un tout autre point d'achoppement.
Pour moi qui aime aussi les mots, c'est un plaisir de le lire, car chose rare pour un photographe, il est plutôt loquace! Il parle de son regard, de ses choix, ses expérimentations, ses fascinations, ses images qui le hantent et l'inspirent...
"Et puis en me penchant, je me suis heurté à d’autres types de chaleurs, plus lancinantes. De la fascination à ce tu ne « m’attraperas jamais » fantomatique, j’ai goûté à la torpeur, comme un rayon. Un rayon noir qui s’est abattu quand les yeux ont croisé les yeux…"
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De la photo de charme...
"Les gens ignorent qu’une image est le résultat d’un processus de création dont un des objectifs est de créer un regard, une manière de voir, une posture. Parmi ces procédés de création, certains s’appellent des ‘codes’. Et dans les codes de la photo de charme, parfois il existe le côté voyeur. On vous fait croire que vous volez l’image d’une fille. On vous le fait croire dans la photo mais en vrai, la fille joue la fille dont on vole une image. Différence entre voyeurisme réel et photo de genre : le voyeurisme est une intrusion non autorisée, non consentie. Il est donc moralement abject et de mauvais goût."
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De la nudité...
"J’aurais bien abordé la question de la nudité, du comment on la rend. Mais une phrase de l’auteur dans un mail tout frais ne cesse de tourner dans ma tête : « Que dire, mes photos ne sont pas des nus. Ce n’est pas de la photo de nu. Le corps est présent dans sa nudité, mais elle est si accessoire qu’on l’oublie, en tout cas je l’espère »…Du coup, je laisse volontairement la question en suspens. Qui sait si quelqu’un y répondra."
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"Or moi, contrairement à ce que pensent certains, ce sont les photos qui me font rêver, ou baver… Je ne dirais pas que je n’aime pas y regarder les filles mais vraiment : la fille parfaite sur la photo la plus laide n’arrivera jamais à la cheville de la fille la plus laide sur la photo la plus belle. Sûr ! J’ai donc renoncé à écrire sur ce modèle. Parce que je n’arrive pas à traverser les extases reçues face à sa gueule d’ange, à les mettre en mot ensuite. Espiègle, belle, douce allure, naturelle : elle me tue tout court."
De la p(l)eine ombre de ton corps…
"La pleine ombre sur ton corps trouble. Les marées du soir. La pénombre dans les axes et les nuances de ton corps trouble les distances qui séparent mes yeux de ces horizons. Les fuites sont plus amères et suaves quand la lumière a filtré dans le marre. Démarrer.
La plaine ombrée de ton corps est devenue comme tendre encore plus. Sous le prétexte judicieux que mes yeux prennent à mes doigts les idées qui leur manquent pour y voir plus clair, plus net. « Des coinstots bizarres« . Je te touche je te vois. La beauté incarcérée dans de sombres hallos. Des marais remontés.
La peine ombre aux méandres de ton corps des emportées. Un voyage. Tel qu’il marinaitAucune ombre agée. Dans l’ombre le noir joue."
Lobiaz, un poète-photographe "flegmatique impétueux" à suivre de toute urgence!
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Partir d'une photo qui sidère, puis une séquence entre sol (dur, mouvant) et ciel...
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Son groupe Eros de Luxe
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